L’effet rebond

Définition

Aujourd’hui le discours commence à prendre, on parle de réchauffement climatique, de perte de la biodiversité, de pollutions industrielles. Beaucoup de gens semblent s’y mettre et des solutions existent. On a développé le covoiturage, la chaudière qui consomme moins, les moteurs de voitures plus efficaces, on a des productions d’électricité plus vertes, etc…
Alors comment se fait-il qu’on nous dise qu’il y a de plus en plus de pollutions ? Toutes nos technologies propres n’ont pas l’ai de fonctionner et en tout cas pas dans les délais voulus. Voici le coupable : L’effet rebond.
J’ai entendu parler de ce mauvais élève de l’écologie il y a une dizaine d’année mais nous l’expérimentons tous au quotidien.
Définition :
« Le paradoxe de Jevons énonce qu’à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer. En particulier, ce paradoxe implique que l’introduction de technologies plus efficaces en matière d’énergie peut augmenter la consommation totale de l’énergie. On parle également d’effet rebond. » Il n’y a rien de nouveau ici. Il a été introduit en économie pour la première fois en 1865 dans le livre « Sur la question du charbon » de William Jevons.
Jevons observe que la consommation anglaise de charbon a fortement augmenté après que James Watt a introduit sa machine à vapeur, qui était bien plus efficace que celle de Thomas Newcomen. Les innovations de Watt ont fait du charbon une source d’énergie plus rentable, ce qui a conduit à généraliser l’utilisation de sa machine à vapeur au sein des manufactures. Plutôt que de réduire la consommation totale de charbon, les améliorations technologiques et les gains de rentabilité ont conduit à accroître la consommation totale de charbon, d’où le paradoxe.

Ainsi ce système aussi vieux que l’économie moderne est un des principaux maux de notre système de consommation qui détruit aujourd’hui notre habitat.
Il existe des tonnes d’exemples qui permettent de comprendre l’effet rebond et il n’existe que peu de méthodes pour le contrer si ce n’est notre intelligence et notre réflexion.

Exemples d’effet rebond

On commence à bien connaître l’effet rebond mais il semble toujours utile de redonner des exemples connus

L’automobile

Les progrès de ces dernières décennies ont été par exemple les « stop & start », les injections directes, les turbos, l’aérodynamique, les matériaux plus légers, les moteurs hybrides et j’en oublie. Mais quand on regarde le résultat, les prix de vente, le coût très bas de l’énergie (et oui on payait un litre d’essence beaucoup plus cher en 1970 qu’aujourd’hui) et le temps libre dégagé on remarque que les gens roulent beaucoup plus avec plus de voitures. On a facilement 2 voitures dans un ménage.
Et puis la voiture c’est un peu empâté. Avec le trio puissance, confort, sécurité une C1 pèse aujourd’hui 865kg contre 500kg pour une 2cv. Elle monte à 170Km/h contre 110Km/h à l’époque et est 2.4 fois plus puissante. Le résultat est qu’avec tous ces apports technologiques, elle consomme autant que sa grand-mère soit environ 5l/100km.

Le covoiturage

Le taux d’occupation d’une voiture en France est de 1.7 alors qu’en BlaBlaCar c’est 2.8. On me dira tant mieux. Mais au final quels impacts. La plupart des passagers BlaBlaCar auraient voyagé avec un autre transport souvent moins polluant comme le train ou le bus. Revoilà la pollution.
L’ADEME a également remarqué que les tarifs des covoiturages font se déplacer des personnes qui n’auraient pas bougé sinon. Finalement on a une bonne pratique qui par rebond vide des trains et fait sortir des gens qui restaient chez eux.
Demain on envisage d’ajouter au problème les voitures autonomes qui roulerons comme les UBER toute la journée en attente de course en polluant même sans passagérs pour nous encourager à prendre ces taxis pour des courses de moins de 3 km.

L’aviation

On peut citer le transport aérien qui depuis qu’il est accessible a servi à développer le tourisme international à un point insoutenable en relâchant 3% des GES alors qu’il était inexistant il y a 40 ans (nbre de passager multiplié par 7 depuis 1980)
Mais l’effet rebond est plus vicieux que cela. Il a développé le tourisme à un point où les villes doivent opter pour des politiques de limitation comme Barcelone. C’est ce tourisme qui a créé des monstres comme AirBnB avec les problèmes parisiens de hausse des loyers.

A la maison

Il y a encore l’équipement des ménages avec les réfrigérateurs, la clim, les télévisions… On fait par exemple des économies sur une chaudière plus efficace et on monte le thermostat pour effacer les économies. On apprécie d’être en T-shirt toute l’année.
Les télévisions consomment de moins en moins avec les LED mais leur taille a augmenté (4 fois en 15 ans) avec des contenus de plus en plus accessibles, du coup leur consommation est de plus en plus importante. Sans compter qu’on a aujourd’hui en moyenne 7 écrans par foyer en France.
Notre consommation électrique est 6 fois supérieure à 1973 avec uniquement des équipements plus économes.

Il semble donc évident que toutes les améliorations techniques de ce siècle comme des précédents ne nous ont que fait consommer plus. Les indicateurs principaux de société étants la croissance et le PIB toute amélioration d’un système ne fait que repousser la catastrophe le temps que la consommation rattrape l’économie.

Les types d’effet rebond :

Au niveau micro-économique, on distingue 3 effets principaux.
Tout d’abord : “l’effet de revenu”.
Parce qu’une machine est plus efficace, donc moins chère à l’usage, elle va être utilisée davantage. Dans le cas des transports, les usagers vont par exemple parcourir plus de kilomètres.
Ensuite : “l’effet de substitution”.
Parce qu’une machine est plus efficace, donc moins chère à l’usage, elle va être préférée à d’autres procédés. C’est Uber qui remplace la marche à pied ou les robots qui sont préférés aux humains par les industriels.
Enfin : “l’effet de réinvestissement”.
Parce qu’une machine est plus efficace, donc moins chère à l’usage, l’argent économisé va être réalloué à d’autres usages. Si par exemple, j’économise tous les jours sur ma facture de carburant grâce au covoiturage, je peux à la fin de l’année me payer des vacances à l’autre bout du monde en avion.

Quelles solutions ?

Une des visions qui pour moi me semble le plus sur la voie de la raison est celle de NegaWatt dans l’énergie. Il s’agit d’un collectif qui propose un scénario de baisse de nos consommations d’énergie depuis 2001.
L’idée est assez simple à comprendre. Si on veut éviter l’effet rebond il faut d’abord s’être entrainé à la sobriété. En effet, il semble impossible à l’homme de réduire en même temps sa consommation ou son utilisation de quelque objet si on lui en donne un plus efficace. Il faut donc d’abord apprendre à faire des économies. C’est l’exemple du chauffage. Il ne s’agit pas d’avoir une chaudière qui consomme moins mais d’apprendre à moins consommer avec la même chaudière. Cela permet déjà de ne pas surconsommer (ici une nouvelle chaudière), de s’entrainer à baisser la température. Après un certain temps, quand le nouveau niveau de température semble la norme, admettons 19° en journée et qu’il faut changer de chaudière, on pourra seulement maintenant introduire un appareil moins gourmand. On ne sera alors pas tenté de remonter le chauffage à 22°. C’est selon eux à ce moment-là, quand on atteint son minimum de consommation qu’on peut introduire les énergies renouvelables. En effet, on connaitra sa consommation réelle et un plan pertinent de production des renouvelables consiste justement à ne pas essayer de remplacer les énergies fossiles mais à créer la quantité en face du vrai besoin.
La meilleure économie de ressource est celle que l’on ne consomme pas.